Osons la France ! Plus qu’un forum, un mouvement en marche !
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- Les Di@logues Strategiques on 20 mars 2012 inLes Di@logues Strategiques
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Par Véronique Anger-de Friberg (mars 2012)
Après The Women’s Forum for the Economy and Society[1], Aude de Thuin revient avec le forum Osons la France ! Cette première édition, qui se tiendra le 26 mars 2012 à l’hôtel Salomon de Rothschild (Paris 8°), ressemble à un véritable marathon ! 24H à un rythme d’enfer au cours desquels 1000 participants et 100 speakers interviendront dans le cadre de conférences, performances, rencontres, interviews croisées (entre générations, profils, disciplines, origines…). Attendez-vous à y croiser les femmes et les hommes qui veulent inventer la France de demain, acteurs des mondes économique, universitaire, scientifique, culturel, intellectuel, artistique, médiatique… de la France qui ose!
Véronique Anger : Vous présentez le forum « Osons la France ! » comme « la journée de tous les possibles ». Pourquoi, et pour qui, avez-vous imaginez cet événement ?
Aude de Thuin : Cette journée s’adresse à ceux qui veulent inventer la France de demain. Jeunes et moins jeunes, car il y a aussi des entrepreneurs qui se lancent après 50 ans. A travers cet événement, nous souhaitons montrer qu’il se passe énormément de choses en France sur le plan social, artistique, économique, entrepreneurial, des nouvelles technologies… et que tout cela va dans le bon sens. L’idée est de faire savoir au public qu’il existe, dans notre pays, un état d’esprit positif, un optimisme, un dynamisme, des initiatives, dans tous les domaines. En disant ça, je ne prétends pas que tout est positif bien sûr. Mais il est important de faire savoir que des gens pensent autrement.
J’ai eu la chance de faire le tour du monde pour le Women’s forum, et beaucoup de gens me disaient : « On ne comprend pas les Français. Vous avez tout et vous êtes toujours en train de vous plaindre… Vous êtes négatifs ! ». Des femmes et des hommes du monde entier nous ressentent ainsi. Oui, nous avons aussi du chômage, des difficultés… mais en même temps, nous avons tout : un pays sublime, des infrastructures hyper modernes, l’école pour tous, un système social exceptionnel, etc. Les médias dépeignent une réalité trop souvent négative et, selon moi, elle n’est pas le reflet de la réalité. Nous ne pouvons pas continuer à donner l’image d’un pays qui se voit de façon aussi négative, parce que nous transmettons nos angoisses à la jeune génération. Les jeunes se révèlent pessimistes à cause de cette perception fausse de notre pays que nous transmettons. Qui plus est, nous ne donnons pas non plus envie aux autres pays de travailler avec nous !
Quand nous avons commencé à travailler sur ce projet, nous avons découvert que la France était tout sauf ce qu’on pensait qu’elle était… Il faut savoir lire entre les lignes, et chercher ce qui se cache réellement derrière les sondages d’opinion. Nous avons analysé les études sur le moral de la France et nous avons découvert que le pays était collectivement déprimé, mais que l’individu lui ne l’était pas !
J’ai créé ce forum pour transmettre un message positif, montrer que la France n’est pas un pays défaitiste, qu’elle est bourrée de talents et de ressources et qu’elle sait être enthousiaste. Ce forum se veut avant tout un lieu d’expression pour la société civile. La société civile doit jouer son rôle et ne pas tout attendre des politiques. Il est facile de se plaindre, mais nous pouvons aussi agir et changer les choses. Et moi, je veux contribuer à modifier le regard que les Français portent sur eux, et les autres pays sur nous.
VA : Depuis toujours, à travers le Women’s Forum, ou plus récemment dans votre livre Femmes si vous osiez le monde s’en porterait mieux ![2], vous faites la promotion des femmes et des valeurs dites « féminines » (écoute, empathie, coopération, solidarité, patience, tolérance, etc.). Pensez-vous vraiment que le monde se porterait vraiment mieux, qu’il serait plus éthique et plus vivable ?
AdT : Le monde est dirigé à 95% par des hommes… pourtant, les études montrent que là où des femmes occupent des postes à responsabilités, ça va mieux ! C’est une réalité. Hélas, par temps de crise, les hommes ont tendance à s’entourer de plus d’hommes, car inconsciemment la peur les conduit à recruter des profils qui leur ressemblent et de préférence des hommes qu’ils connaissent. Cela les rassure.
En France, nous ne regardons pas assez ce qui se passe ailleurs. Si nous observions les pays émergents et les pays en guerre, nous constaterions que les femmes sont en train de sauver leur pays. En Afrique du Sud par exemple, huit multinationales sur dix sont dirigées par des femmes. Vous savez, les femmes ont un problème culturel de fond : elles sont leurs propres ennemies… Elles se complaisent souvent à la place de numéro deux. C’est le cas depuis des millénaires parce qu’elles se rendent compte qu’être en position de pouvoir, c’est aussi recevoir des coups !
Le pouvoir, en fait, elles s’en moquent… Par exemple, si elles sont à 49% élues municipales, elles n’ont aucune envie d’être élues maire de leur commune. Pourtant, quand elles sont en position majoritaire au conseil municipal, tout fonctionne mieux parce qu’elles ont tendance à prendre davantage de décisions de bon sens, qu’il s’agisse des crèches, de l’environnement, de l’urbanisme, des transports, de l’éducation, etc.
Les mentalités évoluent malgré tout. Nos fils et beaux-fils assument mieux leur part de féminité par exemple, au même titre que les femmes acceptent leur part de masculinité. Les hommes « féminins » occupent une place de plus en plus importante au sein de la famille, et ont envie de jouer leur rôle. Les pères consacrent plus de temps à leurs enfants. Ils sont plus nombreux à prendre un congé paternel, etc. Je trouve cela formidable, car cela va impulser un vrai changement de société. Ces nouveaux pères, lorsqu’ils occupent une position dominante dans l’entreprise, posent forcément un regard différent, plus empathique à l’égard de leurs collègues femmes.
En France, l’âge moyen des patrons du CAC 40 et du SBF 120 a rajeuni, de même qu’au Royaume-Uni et un peu aussi en Allemagne. Aujourd’hui, les quinquagénaires qui dirigent ces grands groupes ont des épouses qui travaillent, des filles qui suivent des études supérieures. Par conséquent, cela se traduit sur le regard qu’ils posent sur la société d’aujourd’hui. La vie se métamorphose grâce à toutes ces petites choses…
VA : Vous aimez vous présenter comme une autodidacte, une femme qui n’a pas fait d’études universitaires longues (je crois que vous n’êtes pas allée au bout de vos études de psychologie). D’où vient, selon vous, cette obsession de la reconnaissance du savoir par le diplôme en France ?
AdT : Contrairement à l’Allemagne, qui a su développer et valoriser l’artisanat et les métiers manuels, la France a méprisé tout ce qui n’était pas intellectuel. Elle n’a pas compris que les « têtes » ne suffisaient pas, et qu’elle avait aussi besoin du talent des mains, des yeux, des pieds… L’obsession du BAC nous a empêché de voir ce dont notre pays avait besoin. Et ce diplôme, qui était sans doute nécessaire par le passé, ne l’est plus aujourd’hui. S’ajoutent à cela la cooptation et les pratiques endogamiques (des grandes écoles notamment). Tout cela est néfaste. En confiant des postes qui ne correspondent pas à la nature profonde des gens, on a provoqué des dégâts considérables.
L’autre conséquence regrettable est que de plus en plus de jeunes quittent la France pour l’étranger. Ils vont là où ils seront évalués sur leur personnalité, reconnus pour leur sensibilité autant, sinon plus, que sur leurs diplômes. Beaucoup choisissent Londres parce qu’on ne regarde pas le diplôme et parce qu’on les met là où ils sont bons…
VA : Quelle sera la prochaine étape après « Osons la France ! » ?
AdT : Mon mari… ! A 20 ans, j’ai créé un journal. A 30, la semaine du marketing direct. A 40, le groupe Art du jardin, création et savoir faire. A 50, le Women’s forum et à 60 : « Osons la France ! ». Je me dis donc qu’à 70 ans, je m’occuperai de mon mari… Je plaisante, mais à 60 ans, après le Women’s Forum, j’avais décidé d’écrire un livre qui s’appellerait Femmes si vous osiez le monde s’en porterait mieux ![3]et d’agir davantage sur le terrain pour la cause des femmes. Aujourd’hui, je consacre 20% de mon temps aux autres. Je m’occupe de deux fondations de femmes, au Congo et au Niger. Je parle aussi pour des femmes iraniennes enfermées dans le camp Achraf en Irak afin de leur délivrer des messages d’espoir. Je travaille déjà sur la prochaine édition de « Osons la France ! ». Le forum se déroulera à Lille le 27 septembre 2012 et s’appellera : « Osons la France à Lille ! ». C’est un vrai bonheur de diriger cette nouvelle entreprise passionnante. Je fais des rencontres fascinantes ! J’ai une chance inouïe ! Avant de vous rencontrer ce matin, j’étais en compagnie de cette immense danseuse, l’étoile Marie Agnès Gillot. J’ai découvert une femme, un parcours, un destin hors du commun. Elle racontera son histoire au public le 26 mars.
Je vous invite à venir rencontrer ces personnalités de premier plan, qui bouleversent leur domaine. Il sera question du bonheur, des échecs, des réussites, des parcours de vie, des nouveaux modèles de société, du futur… « Osons la France ! » c’est plus qu’un simple forum, c’est un mouvement en marche !
*Aude de Thuin a aussi créé la Semaine internationale du marketing direct, les salons L’art du jardin, Créations et Savoir-faire.
Pour aller plus loin :
[1] Premier forum mondial indépendant d’inspiration féminine dédié à la construction d’un monde plus équilibré pour tous.
[2] Editions Robert Laffont, 2012.
[3] Editions Robert Laffont, 2012.